République démocratique du Congo
Amnesty International a accusé mardi le président de la République démocratique du Congo, l’ex-opposant Félix Tshisekedi, de “renier sa promesse de rendre justice aux victimes” des répressions qui ont ensanglanté les dernières années du régime de son prédécesseur Joseph Kabila.
Le président investi le 24 janvier 2019, fils d’un leader de l’opposition, laisse “dans le désespoir des centaines de familles dont des membres ont été tués lors de la crise pré-électorale”, ajoute Amnesty dans un rapport intitulé “Sans suite!”.
Il revient sur les principales manifestations réprimées dans le sang, en janvier 2015, septembre et décembre 2016, et lors de trois marches organisées par les catholiques fin 2017-début 2018.
Les manifestants demandaient à l’ex-président Kabila de respecter la Constitution et de quitter le pouvoir à la fin de son deuxième mandat en décembre 2016. Ils demandaient également des élections, qui ont finalement eu lieu le 30 décembre 2018, après trois reports.
A l‘époque dans l’opposition, le président Tshisekedi “n’a rien fait pour que des enquêtes soient menées sur la mort d’au moins 320 personnes tuées lors des manifestations survenues entre 2015 et 2018”, accuse Amnesty.
“Après neuf mois de présidence, il a déclaré qu’il ne voulait pas fouiner dans le passé“, rappelle l’ONG, en référence à une déclaration du chef de l’Etat congolais lors d’un entretien avec des médias français en septembre dernier.
“Quand il était encore un opposant, Félix Tshisekedi est venu nous voir et m’a dit : Nous serons toujours là pour vous. Mais depuis qu’il est devenu président, il n’a donné aucun signe”, a déclaré à l’ONG Kelly Tshimanga, le fils de Rossy Mukendi Tshimanga, un militant des droits de l’homme tué par balle lors de la dernière marche des catholiques à Kinshasa le 25 février 2018.
Il dirige le pays en coalition avec son prédécesseur
Le président Félix Tshisekedi et son gouvernement doivent “s’engager publiquement à poursuivre efficacement et dans les plus brefs délais les responsables présumés” de la répression, a déclaré Deprose Muchena, directeur du bureau régional pour l’Afrique de l’Est et australe d’Amnesty. Elu sous les protestations d’une partie de ses anciens alliés de l’opposition, le président Tshiskedi gouverne en coalition avec son prédécesseur Kabila, qui a gardé le contrôle du Parlement, d’après les résultats officiels des élections de décembre 2018.
Son propre gouvernement de 66 ministres comprend une majorité de membre du Front commun pour le Congo (FCC), la plate-forme politique de l’ancien président.
Depuis son investiture, des opposants politiques sont rentrés d’exil, comme Moïse Katumbi. Des responsables politiques ou de mouvements citoyens ont été libérés de prison.
Le président a remplacé l’Administrateur général de l’Agence nationale de renseignements (ANR), se félicitant d’avoir “humanisé les services de répression comme l’ANR”.
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